Les mères de Lu Monferrato
Lu Monferrato le 4 septembre 1946
Un exemple de prières pour les vocations à méditer
La petite bourgade de Lu en Italie du nord : une localité qui compte quelques milliers d’habitants et qui se trouve dans une région rurale à 90 km à l’est de Turin. Cette petite ville serait restée inconnue si en 1881 quelques mères de famille n’avaient pris une décision qui allait avoir de “grandes répercussions”.
Plusieurs mamans portaient dans leur cœur le désir de voir un de leurs fils devenir prêtre ou une de leurs filles s’engager totalement au service du Seigneur. Elles commencèrent donc par se réunir tous les mardis pour l’adoration du Saint Sacrement, sous la direction de leur curé, Monseigneur Alessandro Canora, et à prier pour les vocations. Tous les premiers dimanches du mois, elles communiaient à cette intention. Après la messe toutes les mamans priaient ensemble pour demander des vocations sacerdotales. Grâce à la prière pleine de confiance de ces mamans et à l’ouverture de cœur de ces parents, les familles vivaient dans un climat de paix, de sérénité et de piété joyeuse qui permit à leurs enfants de discerner leur vocation beaucoup plus facilement.
Quand le Seigneur a dit : “Beaucoup sont appelés, mais peu sont élus” (Mt 22,14), il faut le comprendre ainsi : beaucoup seront appelés, mais peu y répondront. Personne n’aurait pensé que le Seigneur exaucerait avec autant de largesse la prière de ces mamans. De cette bourgade sont issues 323 vocations à la vie consacrée (trois cent vingt trois !): 152 prêtres (et religieux) et 171 religieuses appartenant à 41 congrégations différentes. Dans certaines familles il y eut même quelques fois trois à quatre vocations. L’exemple le plus connu est celui de la famille Rinaldi. Le Seigneur appela sept enfants de cette famille. Deux filles entrèrent chez les sœurs salésiennes et, envoyées à Saint Domingue, elles furent de courageuses pionnières et missionnaires. Parmi les garçons, cinq devinrent prêtres salésiens. Le plus connu de ces cinq frères, Filippo Rinaldi fut le troisième successeur de Don Bosco, et Jean-Paul II le béatifia le 29 avril 1990. En fait, beaucoup de jeunes entrèrent chez les salésiens. Ce n’est pas un hasard puisque Don Bosco se rendit à Lu quatre fois dans sa vie. Le saint participa à la première messe de Filippo Rinaldi, son fils spirituel, dans sa ville natale. Filippo aimait bien souvent se rappeler la foi des familles de Lu. “Une foi qui faisait dire à nos parents : le Seigneur nous a donné des enfants et s’Il les appelle, nous ne pouvons quand même pas dire non !”
Luigi Borghina et Pietro Rota vécurent la spiritualité de Don Bosco avec une telle fidélité, qu’on les appelait respectivement “Don Bosco du Brésil” et “Don Bosco de Valtellina”. Mgr Evasio Colli, archevêque de Parme, venait aussi de Lu, et Jean XXIII disait à son propos : “Il aurait dû devenir Pape à ma place, il avait tout pour devenir un grand Pape”.
Tous les dix ans, un grand rassemblement réunissait tous ceux qui étaient encore vivants parmi ces vocations venant des quatre coins du monde. Le prêtre actuel de la paroisse de Lu, Don Mario Meda, qui depuis 24 ans a charge d’âmes en ce lieu, racontait comment cette rencontre était bien évidemment une véritable fête, une fête d’action de grâces envers le Seigneur, pour toutes les grandes choses qu’Il fit à Lu. la prière que les mères de Lu récitaient était brève, simple et profonde : “Seigneur, faites qu’un de mes fils devienne prêtre ! Je veux vivre moi-même, en bonne chrétienne et je veux conduire mes enfants au Bien, pour obtenir la grâce de pouvoir Vous offrir, Seigneur un saint prêtre ! Amen.”