Bienheureux Rolando Rivi
Le 6 octobre dernier lors du traditionnel Angelus donné tous les dimanches par le Saint Père sur la place St Pierre à Rome, le pape François proposa comme modèle aux jeunes un adolescent, Rolando Rivi (1931-1945), béatifié la veille au Palais des sports de Modène. Rolando, 14 ans, a été tué en haine de la foi le 13 avril 1945, à Piane di Monchio (province de Modène).
Demain, cela fera un prêtre de moins !
Rolando était né le 7 janvier 1931 dans une famille catholique. Enfant de chœur dès cinq ans, il assiste à la Messe tous les jours et confie en 1942 (il alors onze ans) à son curé son désir ferme d’être prêtre. Il rentre alors au petit séminaire épiscopal de Marola, où il revêt la soutane comme c’était alors l’usage dans de telles maisons.
En juin 1944, suite à la destitution de Mussolini et aux troubles qui s'en suivent, le séminaire doit fermer ses portes et est occupé par les troupes allemandes. Rolando retourne chez ses parents où il continue avec autant de ferveur que possible à mener la vie d’un petit séminariste. Et en particulier, il porte toujours sa chère soutane… alors que les nombreux partisans communistes de la région voulaient abattre la religion chrétienne et faisait régner un climat fortement anticlérical. Quatre prêtres de la région de Reggio avaient déjà été assassinés et le clergé était invité à la prudence face aux multiples
menaces. Par la suite, ce ne sont pas moins de 130 ecclésiastiques qui seront exécutés par les « brigades garibaldiennes » dans ce triangle (Modène, Reggio, Bologne) surnommé « triangle de la mort » entre 1943 et 1945.
Bien conscients du danger qui devient de plus en plus pressant (les intimidations sur les prêtres se succèdent), les parents de Rolando comme ses amis lui conseillent de retirer sa soutane ; la réponse du jeune Rolando est nette : Je ne fais de mal à personne, je ne vois pas pourquoi j'enlèverais ma soutane qui est le signe de ma consécration à Jésus.
Le 10 avril 1945, Rolando joue le matin de l’orgue à la messe du village à laquelle il assiste comme d'habitude, avant de prendre la route du retour vers sa maison. Son Père ne le voyant pas rentrer se met à sa recherche et trouve ses affaires sur le sol avec un mot laissé par terre où il était écrit : "Ne le cherchez pas, il vient un moment avec nous, les partisans".
Kidnappé par les partisans, Ronaldo sera livré à de véritables hyènes (expressions du Cardinal Amato lors du sermon de la béatification); ses bourreaux commencèrent par le dépouiller de sa soutane; pendant trois jours, ils le battront à coups de ceinture, lui faisant subir humiliations et sévices, avant de finalement le tuer à coups de pistolet dans le bois de Piane di Monchio. C’était un vendredi 13 avril à trois heures de l’après-midi. Un des partisans, touché par son jeune âge, tentera de sauver la vie du jeune garçon, mais le chef du groupe répliquera pour justifier l’assassinat : demain, cela fera un prêtre de moins.
Avant d’être exécuté, le jeune saint demandera à pouvoir prier pour son père et sa mère. C’est quand il se mettra à genoux à côté de la fosse vide que les partisans avaient creusée pour lui qu’il sera mis à mort. Sa soutane sera pendue comme trophée sur le fronton d’une maison.
Sur les indications des partisans et de son assassin lui-même, Roberto Rivi (père de notre Bienheureux) et le curé de San Valentino, don Alberto Camellini, retrouveront le lendemain, 14 avril, le corps du petit Rolando. Le jeune garçon avait le visage couvert de bleus, le corps torturé, et deux blessures mortelles, l'une à la tempe gauche et l'autre à la hauteur du coeur. Ils l'emportèrent à Monchio pour des obsèques et une digne sépulture.
Après la Libération, le 29 mai 1945, son corps fut transféré au cimetière de San Valentino, puis en 1997, comme le
pèlerinage était constant, dans l'église de San Valentino.
Ses deux meurtriers furent condamnés à 16 et 26 ans de prison; avant d'être amnistiés six années plus tard par le ministre (communiste) de la justice italienne.
Une série de guérisons reconnues comme "miraculeuses" ont été obtenues par l'intercession de notre jeune martyr, et son procès de canonisation a été ouvert le 7 janvier 2006. C’est la guérison, due à son intercession –contact de reliques (sang et cheveu) de Rolando et prières par son intercession- d’un Anglais en 2001 frappé d’une leucémie incurable, qui sera retenu comme miracle pour la béatification.
Il a donc été béatifié le 5 octobre 2013 par le Cardinal Amato, préfet de la Congrégation pour la cause des saints. On ne garde écrite de lui qu’une phrase : « j’appartiens à Jésus ».
Lors l’angélus de ce 6 octobre, le pape a évoqué la béatification du jeune petit-séminariste en disant : « Le bienheureux Rolando Rivi, un séminariste de cette région, l’Emilie, a été béatifié hier à Modène. Il a été tué en 1945, alors qu’il avait 14 ans, par haine de sa foi, coupable, uniquement, de porter la soutane en cette période de violence déchaînée contre le clergé, qui élevait sa voix pour condamner au nom de Dieu, les massacres de l’immédiat après-guerre. Mais la foi en Jésus vainc l’esprit du monde ! Rendons grâce à Dieu pour ce jeune martyre, témoin héroïque de l’Evangile. Et tant de jeunes de 14 ans ont devant les yeux aujourd’hui cet exemple : un jeune courageux, qui savait où il devait aller, qui connaissait l’amour de Jésus dans son cœur, et il a donné sa vie pour Lui. Un bel exemple pour les jeunes ! »