Novembre 2020
Chers amis membres de la Confraternité,
Nous vivons à une époque de barbares. Il suffit de regarder l'art moderne (et l'art "chrétien" moderne n'y fait malheureusement pas exception) pour se rendre compte combien les cerveaux sont aujourd'hui parfois très profondément perturbés. Faisant des recherches sur une Bienheureuse martyre du nazisme (la Bienheureuse Restituta Kafka, en photo ci-contre), je suis tombé sur un buste en son honneur particulièrement indécent -quant à la pudeur- et repoussant -quant au visage de notre Bienheureuse- ; buste réalisé par une personne se proclamant athée, et placé, et c'est là où le scandale est particulièrement grand, dans une magnifique cathédrale du XIIème siècle. Comment est-ce possible ?
C'est que nous vivons à une époque profondément dérangée où le laid nous est proposé (imposé) sous toutes les formes possibles et imaginables. Jusque parfois, il faut tout de même le dire avec honte, dans nos églises.
Ne trouve-t-on pas là aussi, par contraste, un élément de réponse à la question de notre attachement profond à la magnifique forme extraordinaire du rit romain ? Dieu se reflète, c'est notre conviction profonde, dans la beauté. Et notre belle liturgie, point de rencontre avec Dieu, se propose de l'illustrer, même quand elle se déploie, sans solennité particulière. Elle se veut être un reflet de la liturgie céleste. N'est-ce pas d'ailleurs ce que Benoît XVI disait de la liturgie il y a quelques années à Notre-Dame de Paris : "La beauté des rites ne sera, certes, jamais assez recherchée, assez soignée, assez travaillée, puisque rien n'est trop beau pour Dieu, qui est la Beauté infinie. Nos liturgies de la terre ne pourront jamais être qu'un pâle reflet de la liturgie céleste, qui se célèbre dans la Jérusalem d'en haut, objet du terme de notre pèlerinage sur la terre. Puissent, pourtant, nos célébrations s'en approcher le plus possible et la faire pressentir !"
Reconnaissons objectivement que la beauté des ornements anciens ou encore la pureté du chant grégorien ne souffrent aucune comparaison avec les créations nouvelles. Il suffit également de visiter un musée d'art sacré pour constater que ce ne sont pas les nouveautés qui fascinent et élèvent l'âme ; comme dans nos grandes villes également, ce ne sont jamais les églises en béton que les touristes contemplent avec émerveillement.
Nous sommes également attachés aux gestes liturgiques antiques ritualisés et sanctifiés par des siècles d'usage; quand bien même certains d'entre eux auraient perdu leur signification première.
Pourquoi écrire cela en ce mois de novembre ? Parce que la vertu de piété, qui refuse entre autres de mépriser l'oeuvre de nos pères, est une vertu profondément chrétienne. A l'heure où le laid nous est servi à profusion, où l'on déboulonne les statues et où l'on veut faire table rase de notre histoire, n'est-il pas de notre devoir de veiller à la transmission du patrimoine extraordinaire qui est le nôtre ? Patrimoine religieux d'une part, mais aussi patrimoine artistique, historique ou littéraire. La piété nous demande de reconnaitre tout d'abord avec responsabilité le trésor reçu, dont nous sommes aujourd'hui des dépositaires, puis de travailler, à notre petite mesure, à sa conservation et à sa transmission.
Cette grande vertu nous exhorte également à ne pas oublier d'une manière plus générale les "anciens". Ces "anciens" qui nous ont tant apporté. On peut penser bien sûr à tous ceux qui sont morts pour défendre leur patrie. Mais pas seulement. Les liens (historique ou religieux) nous unissant aux générations qui nous ont précédés nous demande d'honorer et de prier d'une manière générale pour le repos de l'âme de tous ceux qui ont, chacun à leur petite mesure, façonné les pays qui sont les nôtres.
Ils sont de notre famille au sens large, et ont traversés dans leurs vies comme nous les connaissons nous-mêmes des évènements joyeux, douloureux et parfois glorieux. Avant nous.
Nos cimetières sont encore visités au mois de novembre (ils le sont pare exemple de manière très touchante ici en Bavière), mais pour combien de temps encore à l'heure de l'incinération tellement moins onéreuse ?
Apprenons à nos enfants à développer leur charité pour les défunts en général, et à ne pas oublier les défunts de leurs familles et de leur pays. Les emmener visiter un cimetière et les faire prier pour les âmes qui s'y trouvent est une pratique à encourager pour leur faire réaliser que ceux qui nous ont précédés sont nos frères; qu'ils "vivent" encore" et ont besoin de la charité de nos prières. Ils font partie de notre histoire, de l'histoire de notre village ou de celle de notre pays.
La Messe à vos intentions le mois prochain sera célébrée le 6 novembre.
La veille, le 5 novembre (ou à une date proche s'ils sont empêchés de le faire ce jour-là), tous les prêtres de la Fraternité célèbreront une messe de Requiem pour les défunts de la Fraternité et de la Confraternité.
Nouvelles de la Fraternité
Ils sont arrivés: 23 nouveaux séminaristes sont entrés à Wigratzbad en première année. Ils viennent cette année de la France, ou encore de l'Espagne, du Portugal, de l'Allemagne, de l'Angleterre, du Brésil, du Mexique, de la Tchèquie, de l'Autriche ou de la Suisse. L'été aura permis d'agrandir la chapelle du séminaire pour pouvoir les accueillir.
Il est enfin prêtre! L'abbé Gilbride a pu enfin être ordonné le 3 octobre à Auckland. Il est nommé à Sydney, en Australie.
Le 17 octobre, 20 séminaristes étaient tonsurés et prenaient la soutane à Wigratzbad et à Lindau; La cérémonie a dû être accomplie pour les séminaristes germanophones dans la grande église de Lindau, en présence de leurs familles. Et pour les francophones au séminaire au même moment, en présence de leurs familles également. Les conditions liées au COVID en Allemagne ne nous permettaient pas de dépasser à Lindau un nombre assez limité de participants, ce qui nous a conduits à demander à notre Supérieur général de procéder à cette cérémonie au séminaire même pour nos séminaristes de la section française.
Les cérémonies des tonsures et prises de soutane avaient lieu aux Etats-Unis une semaine plus tard le 24 octobre.
La lettre aux amis du séminaire de Wigratzbad est lisible sur ce lien.