Février 2023

Chers amis membres de la Confraternité,

Continuer sans se décourager !

L'un des grands obstacles à la persévérance qui nous est demandée dans notre vie spirituelle est le découragement. L'opposition au Christ est tellement générale dans le monde qui nous entoure. Chaque jour, de nouveaux évènements nous montrent l'étendue du péché, jusque dans l'Église. Et puis, il y a la faiblesse de nos propres résolutions, la fatigue de se savoir si petits et si faibles... les déconvenues familiales. Sans oublier la crise économique qui n'épargnera personne.

Et pourtant, il nous est demandé avant toute chose la persévérance.

"C'est la confiance que Dieu attend de nous" disait saint Jean-Marie Vianney.

 Il ne s'agit pas de croire "seulement une journée", et de vivre cette journée en conséquence, mais d'éclairer toute notre vie à la lumière de la foi.

Il ne suffit pas encore d'espérer "un peu", mais bien d'espérer contre toute espérance comme le dit saint Paul. Ce n'est pas la victoire "aujourd'hui" qui nous est demandée (la victoire a d'ailleurs déjà été acquise une fois pour toute le jour de la Résurrection), c'est bien davantage la longue fidélité dans l'adversité. Sans voir le plus souvent de résultats encourageants suite à nos actions.

Si nous regardons un peu l'exemple du quotidien de la sainte famille à Nazareth, que voyons-nous sinon trois vies bien simples, sans aucun éclat extérieur particulier ; mais dans une grande fidélité quotidienne à Dieu et à sa loi. Et Celui qui était le coeur de cette sainte famille, le plus saint, finira sur une croix. N'était-ce pas là en apparence l'échec le plus criant ? L'apparence était trompeuse.

Regardez Notre-Dame, qu'a-t-elle donc accompli chaque jour de si extraordinaire dans sa vie à Nazareth ? Ou encore après l'Ascension de son Fils ? Eh bien elle fut "la Vierge fidèle" (virgo fidelis), ainsi que nous la nommons dans ses litanies. Fidèle chaque jour à ce que Dieu attendait d'elle. Et Saint Joseph ? Dans ses litanies (que nous récitons chaque soir au séminaire), nous invoquons le père de Notre-Seigneur sous le titre de "Joseph très fidèle" (Joseph fidelissime). Ce fut là aussi un de ses beaux titres de gloire.

Nous sommes aussi appelés à cette fidélité.

Fidélité à Dieu, sans défaillir. Fidélité à notre devoir d'état. A nos engagements. A nos promesses de baptême. Nous sommes invités dans les tempêtes (intérieures et extérieures) que nous traversons à garder la foi, l'espérance et la charité, à l'image des chrétiens qui nous ont précédés dans des temps difficiles. En restant fidèles.

Et nous le savons, cette fidélité sera récompensée. Au ciel bien sûr. Mais également sur terre car c'est de cette fidélité que rejaillira, à l'heure que Dieu voudra, le retour de la foi dans nos pays anciennement chrétiens.

La Vierge fidèle, si humble et si attentive dans sa vie, est proclamée aujourd'hui la Reine des apôtres et la Reine des Confesseurs.

Cet enfant est né pour être la ruine et la consolation d'un grand nombre en Israël nous dira à nouveau dans quelques jours le vieillard Siméon.

Rien n'a changé. Le Christ est encore aujourd'hui, comme hier, détesté par les uns et aimé par les autres.

Aimons-le de tout notre coeur et tâchons par notre amour fidèle d'allumer dans les âmes de ceux que nous côtoyons un peu du feu de cet amour divin.

"Je suis venu apporter un feu sur terre, et combien je désire qu'il soit déja allumé".

La Messe mensuelle à vos intentions sera célébrée le 2 février.

 

Nouvelles de la Fraternité

Le samedi 11 février, Mgr Haas ordonnera au sous-diaconat huit séminaristes : un Français, un Portugais, un Tchèque, trois Allemands, un Néerlandais et un Serbe.

Le même jour aux Etats-Unis, ordination également de onze sous-diacres ; tous américains, sauf un originaire de Singapour.

La semaine précédant l'ordination à Wigratzbad, Mgr Ravotti prêchera la retraite de milieu d'année scolaire aux séminaristes.

Dimanche 5 février auront lieu les confirmations dans notre apostolat de Québec. Elles seront conférées par le Cardinal Cyprien Lacroix, archevêque de cette ville, dans notre belle église saint Zéphirin rendue célèbre par le très beau film d'Alfred Hitchcock "la loi du silence".

 

 

 

 

 

A quelques pas de la France, la Fraternité à Sarrelouis, Allemagne

par l'abbé Stanislas de la Rochefoucauld, fssp

Les Allemands disent Saarlouis et les français Sarrelouis ; nous n’avons jamais été aussi proche d’être d’accord avec nos cousins germains. Fondée par Louis XIV, la ville, située à dix kilomètres de la frontière française, garde quelques traces de son origine avec ses fortifications construites par Vauban et ses croissants presque pure beurre.

Dès la fondation de la ville, des ermites augustiniens s’installent dans la nouvelle forteresse à l’emplacement de l’actuelle chapelle. Ils y construisent une église et un monastère qui seront détruits à la révolution française. La chapelle actuelle date de 1901 et était attenante à un hôpital dirigé par les sœurs de Charité de saint Charles Borromée fondée en 1652 à Nancy. L’hôpital ayant déménagé, ce sont les Jésuites qui ont pris la suite en 1929 et ce jusqu’en 2007 où ils se délocalisèrent. La chapelle fut alors abandonnée et désacralisée. Pendant cinq ans elle fut la propriété d’un architecte qui s’en servi comme atelier.

Ce n’est qu’en 2012 qu'elle retrouvera sa vocation originelle grâce à notre petite Fraternité, qui en fit l’acquisition (une des seules églises dont nous sommes les propriétaires) , et à la générosité des fidèles qui, avec l’aide de la Fondation allemande pour la protection des monuments, finança sa rénovation.

Aujourd’hui, français et allemands se retrouvent chaque dimanche, dans la concorde, pour y entendre la messe de Louis XIV.

Fait étonnant, les sarrois célèbrent chaque année une messe en l’honneur de Louis XVI le 21 janvier. J’ai donc eu la joie et l’honneur il y a quelques jours d’entendre dans la langue de Goethe le testament du roi martyr !

La vie paroissiale est à l’image de la piété allemande, touchante et généreuse. Le chapelet y est récité tous les jours avant chaque messe, les statues des saints sont perpétuellement illuminées par les offrandes des fidèles et les cantiques y sont chantés avec la vigueur d’une foi authentique et profonde.

Ce qui est beau en Allemagne c’est aussi l’attachement aux traditions. Au moment de l’Epiphanie, chaque foyer fait bénir sa maison pour l’année à venir et vous trouverez des linteaux de portes où il y aura à peine de la place pour l’inscription qui achève le rite tant sont nombreuses les bénédictions.

Les démonstrations de foi sont constantes et si vous rentrez dans une maison sarroise, vous ne trouverez pas une pièce où, ici une statue, là un crucifix, viennent professer que dans cette maison on croit en Dieu et en son Eglise.

Préservés du rationalisme asséchant des lumières, les sarrois aiment les bénédictions en tout genre et les prêtres sont souvent sollicités, leur rituel restant toujours à portée de main.

Mais le plus édifiant peut-être ce sont les litanies que les Allemands connaissent par cœur et qui rythment les nombreuses adorations auxquelles ces derniers aiment venir se recueillir.

Si nous ne sommes pas toujours sensibles au goût des Allemands, il faut reconnaître que leur piété est une belle source d’inspiration pour nous Français et mérite, si ce n’est d’être imitée, au moins d’être justement louée.

 

La maison de la Fraternité Saint-Pierre à Sarrelouis est connue sous le nom de Canisianum bien que sa véritable appellation soit Maison Saint Lutwinus, saint sarrois du VIIe siècle. Cette dénomination tire son nom du saint patron de la chapelle qui n’est autre que saint Pierre Casinius second apôtre de l’Allemagne, après saint Boniface, et qui eut un rôle très important lors de la contre-réforme dans les pays du Saint-Empire notamment par son catéchisme, Best-seller de l’époque.

C’est donc sous la protection d’un saint catéchiste que se déroule mon apostolat à Sarrelouis comme diacre. Ma principale mission est de s’occuper de la communauté française qui n’a pas toujours la chance de parler allemand et de profiter des saintes homélies de mes deux confrères : l’abbé Metz, supérieur de la Maison et l’abbé van der Linden, ancien moine bénédictin, ordonné en 2012 dans notre Fraternité.  A côté du catéchisme et des prédications, nous essayons, avec l’abbé van der Linden, de monter une petite schola grégorienne afin de varier le « chant » lexical des cantiques allemands…

Les jeunes couples ou étudiants se retrouvent eux une fois par mois pour recevoir un enseignement et partager un repas jovial tous ensemble. Lors des fêtes importantes, ils sont, bien sûr, mis à contribution pour préparer les couronnes de l’Avent, décorer le « Christ Baum » (le sapin de Noël situé dans le chœur), installer la crèche etc. Chacun y va de son talent et de son temps.

Chaque année à l'automne est organisé par notre communauté un petit pèlerinage franco-allemand au sanctuaire de Notre-Dame de Bon Secours à Saint Avold en Moselle. La Messe y est chantée dans l'abbatiale Saint Nabor tandis que le salut du Saint-Sacrement est donné l'après-midi dans la basilique.

La communauté de Sarrelouis est une communauté humble et modeste mais qui ne demande qu’à grandir et à accueillir de nouvelles familles et de nouveaux talents. Jamais paroisse allemande n’a été aussi française, même si, pour nous, elles ne le seront jamais assez.

 

 

 

Eglise St. Pierre Canisius, Stiftstr. 18; Sarrelouis, Allemagne.

Messes les dimanches et fêtes à 9h30, 11h30 et 18h00

Lundi, Mardi, Jeudi et Vendredi à 18h30

Mercredi à 8h00

Samedi à 15h00