Décembre 2021
Chers membres de la Confraternité,
Le démon a envahi la terre avec la haine : faites revivre, impérieux, l'amour. Il y en a tant qui sont encore mauvais parce qu'ils n'ont pas été assez aimés jusqu'à présent.
68 ans ce mois-ci après ces mots de Pie XII à l'action catholique italienne, force est de constater que la situation n'a guère changé ; et même, sous un certain rapport, qu'elle a empiré.
La société est de nos jours indéniablement profondément fracturée ; jusqu'au coeur même de l'Église. Les repères d'hier assez clairs sont aujourd'hui souvent confus ; et l'autorité, dans bien des domaines, a perdu aux yeux de beaucoup une partie de sa légitimité.
Comment alors, dans notre monde (et dans l'Église) arriver à être ces artisans de paix dont parlait dans sa prière saint François d'Assise ? Va, et répare mon Eglise lui avait dit Notre-Seigneur ! Comment toucher et apaiser les coeurs dressés les uns contre les autres ? Comment également ne pas, sous couvert de paix recherchée, devenir pusillanime ou lâche ?
Par la charité. La vraie charité qui est indissociable de la vérité.
Là où il y a la haine, que je mette l'amour se donnait comme programme dans sa si belle prière saint François d'Assise. Mais aussi, là où il y l'erreur, que je mette la vérité.
Le Seigneur, dont nous préparons ce mois-ci la venue à Noël, vient nous sauver. Par amour. Il vient nous libérer ; par amour également. Il vient nous apporter la vérité puisqu'il est la voie, la vérité et la vie ; par amour encore. Tout en Dieu s'explique par l'amour, puisque Dieu est charité.
Dieu est l’Amour disait le Bienheureux dom Marmion, et Il agrée les moindres choses faites par amour. L’amour est comme la pierre philosophale qui change en or tout ce qu’il touche.
C'est pourquoi la phrase de Pie XII (il y en a tant qui sont encore mauvais, parce qu'ils n'ont pas été assez aimés jusqu'à présent) devrait nous faire réflechir.
De Dieu, ils sont aimés. Cela ne fait aucun doute.
Mais songeons à saint Paul disant aux Corinthiens: je souffre en ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ pour son corps qui est l'Église. Le Christ n'avait-il donc pas suffisamment souffert ? Si, bien sûr. Assez même pour sauver mille mondes comme le nôtre. Et pourtant saint Thomas dira qu'il manquait selon le plan divin à la souffrance du Christ notre souffrance.
De la même manière, ces personnes qui n'ont pas été assez aimées jusqu'à présent, pour reprendre les mots de Pie XII, ont cependant été aimées par Dieu avec surabondance ; mais le sont-elles toujours par nous ?
Souvent, peut-être, parce qu'il faut revenir à nous, il est possible dans le bon combat (l'expression est de saint Paul) que nous avons à mener dans ce monde, d'en arriver à détester non seulement l'erreur (et il faut la détester), mais aussi celui qui s'en fait le porteur (et qui pourtant est en fait lui-même la première victime -consentante ou non- de cette erreur). Et alors dans notre coeur peut exister facilement la haine non plus seulement du péché (ce qui est un bien), mais aussi un peu du pécheur (ce qui est un mal).
L'Église a beaucoup d'ennemis, mais l'Église n'est l'ennemi de personne dira un jour bellement le Bienheureux Jean XXIII.
Est-ce à dire, pour parler simplement, que l'Église ne ferait pas la différence entre les bons et les méchants ? Non, bien sûr. Car l'Église, épouse du Christ aime profondément les âmes ; et les brebis aujourd'hui peut-être perdues ou éloignées sont pourtant toujours bien présentes à son coeur et à sa prière. Pensons à la devise de saint Jean Bosco : Da mihi animas, caetera tolle. Donnez-moi des âmes, le reste, prenez-le.
Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense pouvez-vous avoir? Est-ce que les publicains eux-mêmes n'en font pas autant ? demandait Notre-Seigneur à ses disciples.
Nous devons aimer celui qui nous fait du mal, ce qui n'empêche d'ailleurs pas de le combattre. L'aimer, non pas bien sûr "parce qu'il nous fait du mal", ou encore non "parce que d'une manière générale, il fait du mal", mais parce que Dieu l'aime et souhaite qu'il s'éloigne du mal et qu'il fasse le bien. Et nous devons épouser les sentiments divins.
Il y en a tant qui sont encore mauvais, parce qu'ils n'ont pas été assez aimés jusqu'à présent affirmait Pie XII. Peut-être manque-t-il encore pour beaucoup notre amour.
Conclusion pratique : si nous sommes parfois méprisés dans nos aspirations les plus chères (en famille, dans la société civile, ou même parfois dans l'Église), ne rendons jamais la pareille et ne maudissons pas. Prions au contraire pour la conversion des coeurs.
Pour coller un peu à l'actualité du calendrier liturgique, la sainte Famille eut à souffrir en route vers Béthléem ; les portes se fermèrent à leur passage. Mais nous ne pouvons pourtant pas imaginer une once de rancoeur dans le coeur de Notre-Dame. Déception peut-être, mais pas de rancoeur.
Dans l'évangile, à ses disciples le Seigneur dit un jour: que si l'on ne vous reçoit pas ou si l'on n'écoute pas ce que vous direz, sortez de cette maison ou de cette ville, et secouez la poussière de vos pieds. En vérité je vous le dis: on sera moins dur au jour du jugement, pour le pays de Sodome et de Gomorrhe, que pour cette ville-là.
Et puis enfin, ouvrons nous aussi les portes de notre coeur, réellement et grandement, au prochain, car là aussi et même surtout, il y a du travail. Nous le savons tous.
En vous souhaitant un beau temps de l'Avent et par avance de saintes fêtes de Noël. Avec beaucoup de grâces. Dont celle de la fidélité.
La messe à vos intentions sera célébrée le 5 décembre.
Nouvelles de la Fraternité
Il est enfin disponible ! Qui? Le calendrier du séminaire saint-Pierre !
Vous trouverez sur ce lien quelques photos de l'ordination sacerdotale de la fin du mois dernier aux Etats-Unis. Deo gratias!
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Avec cette nouvelle ordination, la FSSP compte en son sein.... beaucoup de prêtres! Pour tout savoir, sur la santé de notre petite Fraternité, consultez les derniers chiffres données par la maison générale comme chaque année.
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L'abbé Benoît Paul-Joseph nous parle de la liturgie romaine dans son dernier éditorial de la revue Tu es Petrus. A lire et à relire.
Et pour se remonter le moral, une petite vidéo dont on ne se lasse pas!