Décembre 2015

Bien chers membres de la Confraternité Saint-Pierre,

Avant toute chose, permettez-moi de vous souhaiter à tous une bonne et sainte nouvelle année liturgique. Elle a commencé au séminaire par une nuit d'adoration où nous n'avons pas oublié de vous confier à Dieu avec notre Fraternité et tous ses membres, soyez-en sûrs.

Avec les attentats parisiens du mois dernier, cette nouvelle année pourra peut-être sembler à certains, dans ses prévisions, beaucoup plus sombre que les précédentes. Et pourtant Dieu est bien toujours là. Dans le calme comme dans la tempête, il reste présent dans notre petite barque en nous répétant sans cesse ce qu'il a dit si souvent dans les saints Evangiles: n'ayez pas peur ! Pas un seul des cheveux de notre tête ne tombera sans sa permission.

Saint Maximilien Kolbe nous donne, comme tous les saints d'ailleurs, un bel exemple d'attitude à suivre dans les tribulations; en 1941, du camp de concentration d'Auschwitz, il réussira, à faire parvenir à sa mère un petit billet dans lequel il lui disait: en ce qui me concerne, maman chérie, tout va bien. Sois tranquille pour moi et pour mon salut ; car le Bon Dieu est en tout lieu et avec un grand amour il pense à tous et à tout.

Oui, le Bon Dieu est toujours là et avec un grand amour il pense à tous et à tout. Et notre malheur (car il y a tout de même du malheur et des larmes dans le temps présent) est que nous (le monde occidental en général) répondons aujourd'hui à cet amour de Dieu par une grande injustice. Injustice qui consiste à l'oublier et à faire comme s'il n'existait pas. Ce n'est d'ailleurs pas nouveau. Pensons déjà à l'Evangile où l'on voit Notre-Seigneur pleurer sur Jérusalem et dire: Si, en ce jour, tu avais connu, toi aussi, ce qui était pour (ta) paix! Mais maintenant cela demeure caché à tes yeux. Car vont venir sur toi des jours où tes ennemis établiront contre toi un retranchement, t'investiront et te serreront de toute part; ils t'abattront à terre, ainsi que tes enfants (qui sont) chez toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le moment où tu as été visitée.

Dieu est là, et notre monde refuse de le reconnaitre. Pour son plus grand malheur. Dans le prologue de l'évangile de Saint Jean que nous entendons tous les jours à la messe, l'apôtre nous disait du Christ qu'il est venu chez les siens et que les siens ne l'ont pas reçu.  Et c'est ce qui risque malheureusement encore de se reproduire dans beaucoup de coeurs à Noël.

Ce refus de Dieu, c'est la "profession de foi" laïque de la grande majorité de nos sociétés occidentales, issues de ce qu'elles appellent "les lumières". "Lumières" entendues comme les lumières de la raison indépendante de Dieu. "Lumières" détachées de Celui qui est la source pourtant de toute lumière; "lumières" finalement conduisant de fait à un monde bien triste et bien sombre où on ne sait même pas vraiment pourquoi nous sommes sur terre. sinon pour y mourir... mais dans quel but?

Ce choix volontaire et assumé de faire comme si Dieu n'existait pas, c'est sans doute surtout le premier et plus grand péché, duquel découleront tous les autres. Car si Dieu n'existe pas, tout est permis (Dostoïevski). De là viennent nos malheurs car comme le dit St Paul, le salaire du péché c'est la mort. Nos sociétés qui veulent se passer de Dieu et qui l'ont mis officiellement à la porte se transforment ainsi petit à petit sans que l'on s'en rende compte en "enfer" (l'enfer est avant tout le lieu où Dieu n'est pas) avec son cortège de haine, de pleurs, de violence et de guerre.

Le rejet de Dieu a pour conséquence enfin l'absence de bénédictions sur nos sociétés autrefois chrétiennes. Bénédictions que Dieu voudrait pourtant tant répandre si seulement nous les lui demandions. Ne vient-il pas pour cela à Noël? Mais Dieu ne s'impose pas, il se propose. Et il se propose sous la forme d'un petit enfant. Car il ne veut pas notre soumission, mais notre amour.

En attendant, la paix vraie et durable, sans Dieu, n'existe pas et ne peut pas exister. Si le contraire était vrai, ce serait comme une manière supplémentaire de nous aveugler, et Dieu est encore assez bon pour nous montrer par les faits (bienheureux cependant ceux qui croient sans avoir vu), que vouloir vivre sans lui et sans sa loi, est le chemin de beaucoup de larmes, dès ici-bas.

En cette année que le Pape veut "de la miséricorde", ouvrons grands nos coeurs à cette miséricorde divine et tâchons tout simplement d'aimer Dieu davantage, et de le faire régner dans nos coeurs et dans nos familles. Je mettrai la paix dans les familles où mon Coeur sera honoré disait Jésus à Ste Marguerite-Marie.

Il y aura cent ans dans quelques jours, en 1916, un ange qui se définira justement comme "l'ange de la Paix" apparaissait aux enfants de Fatima et leur disait: ne craignez pas. Il leur apprit ensuite cette prière que nous pouvons cent ans après encore faire nôtre et même réciter en famille:

Mon Dieu,
je crois, j'adore, j'espère et je Vous aime.
Je Vous demande pardon
pour ceux qui ne croient pas,
qui n'adorent pas,
qui n'espèrent pas,
et qui ne Vous aiment pas.

Encore une fois, bonne et sainte année. Unis dans la prière et dans la charité.

Je célèbrerai la Messe de Minuit à vos intentions.

Abbé Hubert Bizard, FSSP

 

Nouvelles de la Fraternité

Le 21 novembre eurent lieu au séminaire de Denton les ordinations mineures (portier, lecteur, exorciste et acolyte) pour un certain nombre de séminaristes.

Le même jour avait lieu la première messe solennelle dans notre nouvelle église de Warrington en Angleterre.

Les apostolats du Havre, de Sées et de Caen en Normandie viennent de se doter d'un nouveau site internet. Il vous montrera que tout doucement, mais bien surement, notre petite Fraternité se développe.

Du 19 au 26 avril prochain, l'abbé Baudon de Mony organise un pèlerinage au Mexique sur la trace des cristeros. Vous serez de retour pour pouvoir au mois de mai, entre le 19 et le 28, partir cette fois-ci en Terre-Sainte avec l'abbé Courtois.

Pour les Germanophones, vous trouverez sur cette page le dernier bulletin du district d'Allemagne. Et la dernière lettre aux amis et bienfaiteurs du district de France sur celle-ci!

Je recommande enfin à tous l’excellente biographie du Père Jacques, dont le procès de béatification est en cours. Elle a été écrite par un membre de la Confraternité ! A lire et à offrir.

Le Père Jacques de Jésus (Lucien Bunel),  né à Barentin le 29 janvier 1900 et mort à Linz le 2 juin 1945, est un carme français. Fondateur et directeur du petit collège d’Avon près de Fontainebleau, il est arrêté et déporté en 1944 pour avoir caché trois enfants juifs. Il décèdera des suites de sa déportation.

« Il y a deux manières de communier. Il y a la manière sacramentelle : en recevant l’Hostie qui nous permet d’emporter avec nous le Christ présent en nous. Il y a une autre manière qui ne cesse jamais ; c’est Dieu se présentant à nous à travers chaque seconde que nous vivons ; c’est Dieu qui vient à nous sous le visage d’un travail, ou des hommes, de la douleur, de la joie, (…) c’est Dieu qui vient à nous, mais nous ne savons pas, nous ne voulons pas voir, savoir que c’est Dieu qui vient à nous ainsi ; et quel que soit le visage sous lequel il se cache, quel que soit le vêtement qu’il revêt pour se présenter à nous, c’est Dieu sage, Dieu tout-puissant, Dieu plein d’amour. » Retraite au Carmel de Pontoise donnée en 1943.